jeudi 11 juillet 2013

Droguée depuis 8 ans.


Ben Harper - The drugs don't work


Non non, je ne suis pas droguée depuis l'âge de 8 ans hein ! Je vous vois venir "Elle fume juste des joints ?", "Elle sniffe des rails de coke ?", "Noooon, me dis pas qu'elle se pique !"... Non, non, non, rien de tout ça, c'est en lien avec ma phobie sociale, je vous ai parlé il y a quelques jours.
Comme vous l'avez compris (si vous avez eu le courage de lire l'article dans son intégralité), cette phobie est un gros handicap dans la vie de tous les jours.



Je vous disais avoir vu un psychiatre qui avait diagnostiqué cette phobie, il m'a donc conseillé un livre puis de faire du théâtre (banal mais apparemment efficace), impossible de tenter le théâtre ! Le gentil Monsieur m'a aussi prescrit des petits cachets roses tout mignons. Il m'a dit d'en prendre ponctuellement avant les entretiens ou les situations qui me mettaient vraiment trop mal à l'aise.
Je me souviens de ma première fois, j'ai voulu tester ces cachets magiques, j'étais avec mon copain de l'époque, à la maison, j'ai pris un demi cachet puis 1 de plus, on a commencé à se câliner, on a fait l'amour... Bah putain, une partie de jambes en l'air que je n'étais pas prête d'oublier ! Les cachets avait le don de désinhiber mais puissance 10 ! Je suis allée voir ma soeur dans sa chambre "Heyyyy, ils sont trop biens ses cachets !!!", grand sourire aux lèvres, "C'est comme si j'avais bu mais sans les mauvais côté de l'alcool !". Aaaaah si tu savais ma petite Lumi... Tu es bien naïve. Brave bête...

Je ne me souviens plus exactement comment je suis devenue accro, je me souviens juste que dès le début, j'étais contente d'en prendre, c'était mon plaisr. Je prenais des cachets, bien plus que la dose prescrite, il m'est arrivé d'en prendre 10/jour, quand je sentais que le cachet ne faisait plus effet (du moins, c'est ce que je pensais), je m'enfilais un autre cachet. J'en sur-abusais de manière excessivement excessive, de manière stupidement bête et inconsciemment inconsciente.
Puis mon attitude a commencé à changer, j'étais agressive et je ne me gênais pas pour dire ce que je pensais à n'importe qui. Je n'avais plus de tact, ce que j'avais en tête sortait tel quel, sans me soucier de qui que ce soit, de qui que ce soit. Puis les autres effets bien sympathique : je perdais l'équilibre, je perdais la mémoire...
Mon copain ne me supportait plus, je faisais tout pour le provoquer, vu qu'il n'avait pas assez de temps à me consacrer, je m'habillais et me maquillais comme une prostipute, quand il voyait ça, il me demandait ce que je faisais habillée et maquillée comme ça "Bah je sors !", avec un grand sourire. Il refusait mais je me foutais royalement de son avis, je sortais toute la nuit sans le tenir au courant, je rentrais chez ma mère, je ne voulais pas qu'il sache où j'étais, je voulais qu'il s'inquiète j'avais envie de le blesser.

J'ai trouvé du travail, je n'avais jamais travaillé avec des inconnus avant, j'arrivais au travail shootée et je buvais du vin rouge dès 8h du matin. J'étais tellement terrorisée à l'idée de travailler avec des personnes que je ne connaissais pas que j'enchaînais les cachets et les gorgées de vin dans mon casier.
Mon patron m'avait fait faire le tour du labo, j'ai vu les endroits où on testait les jouets, les toilettes pour hommes, les toilettes pour femmes, l'endroit où j'allais bosser etc... Puis je me souviendrai toujours de la scène où il allait aux toilettes et que je l'ai suivi... "C'est les toilettes pour Homme ici, je t'ai déjà tout fait visiter.", oui, j'avais déjà oublié où se trouvaient les chiottes... Une de mes plus grosses hontes mais j'avoue que ça me fait rire aujourd'hui !
Plus tard, j'ai arrêté le vin, je me suis très bien intégrée à l'équipe et j'y ai d'ailleurs rencontrée ma femme, une amie en or que j'aime énormément. Mon rythme était de 2 à 3 cachets le matin et l'aprem. Ce qui est énorme.
Une de mes chefs avaient halluciné, elle me parlait de quelque chose, je l'ai regardé et je lui ai dit "Mais je savais pas ça Valérie !", elle m'a regardée avec des yeux ronds "Mais Lumi, on en a parlé hier...", "Euh non, je me souviens pas." (persuadée la petite !), "Mais si, hier après-midi, t'oublies souvent les choses Lumi !"... J'oubliais tellement de choses... Des soirées où je ne me souvenais absolument de rien, des conversations téléphoniques qui duraient des heures, pareil, aucun souvenir. Un ami que j'aimais énormément refusait de me dire ce qu'on s'était dit la veille, "Fallait pas prendre tes cachets, je te dirai rien !", c'était horrible.
Je même flirté avec mon patron que je trouvais très charmant mais marié avec deux enfants. Moi, phobique sociale, moi qui m'arrête à un petit "Bonjour." timide et presque inaudible à mes patrons, moi qui n'ose pas leur demander si ça va et qui répond un petit "Oui." quand eux, me posent la question. Depuis quelques jours, mon boss me faisait du rentre dedans, je me disais que je me faisais des films, j'avais 23 ans, il en avait 32, pourquoi est-ce qu'il s'intéresserait à une gamine ? A la soirée de fin d'année, cachets et champagne à gogo et c'était parti pour un tour...

A mon dernier "vrai" boulot en 2012, quand j'oubliais mes cachets, c'était l'horreur, je mettais une heure, sans exagérer, avant de commencer à passer mes appels, entre chaque appel, j'étais en panique, ces jours là, je n'atteignais jamais mon objectif.
Aujourd'hui, j'en prends depuis 8 ans environ. Je ne peux pas me passer des ces cachets roses, chose horrible à dire mais je n'en ai même pas l'envie, je suis totalement addict à cette merde. Bien sûr, j'en prends pour les "épreuves difficiles" mais j'en prends aussi pour me défoncer la gueule, pour me sentir bien, pour tout simplement me droguer. Quand je n'en avais plus, je prenais même le Valium de ma soeur qui était en dépression...

J'ai perdu une amie à qui on avait prescrit du lexomil ET du Xanax, mais quel connard peut prescrire ces deux merdes en même temps quoi ? Les médocs lui ont fait perdre la tête, elle se réveillait le matin en se rendant compte qu'elle s'était donné des coups de couteaux dans la nuit. Elle n'en avait aucun souvenir.
Un jour, j'ai appris qu'elle avait sauté du 7ème étage, quelques jours avant, nous avions prévu de nous revoir très bientôt (elle habitait Lyon). Je reste persuadée aujourd'hui qu'elle n'était pas elle-même le jour où elle a fait ça et qu'elle n'était clairement pas consciente.

Tous ces anxiolytiques, ces anti-dépresseurs sont prescrits bien trop facilement, "Oh, tu as une petite peine de coeur ? Tiens, je vais te prescrire un peu de lexomil !", je connais réellement plusieurs personnes qui sont allés voir des médecins et se sont fait prescrire des médocs sans aucune difficulté. Il suffit d'aller voir un médecin qui n'est pas le tien (parce que ces bons médecins, eux, refusent de prescrire ces foutus médocs quand ils voient que la personne ne peut pas supporter ces drogues), lui inventer ce que tu veux et hop, tu pars avec ton ordonnance, ni vu, ni connu, j't'encule et je me fais surtout enculer dans le sens où je me pourris la santé.

J'ai même une petite boîte pour mettre ma merde...
Bref, 8 ans que je suis droguée au Xanax et je ne sais pas si j'arrêterai un jour. Pour les personnes qui ne vont pas biens, qui pensent que le cachets résoudront tous leurs problèmes,  si un jour, votre médecin vous propose des anxiolitiques ou anti-dépresseurs, du fond du coeur, je vous en supplie, n'acceptez pas.
Ces droguent vous détruisent les neurones, elles peuvent vous pourrir la vie. Je parle en tant qu'addict, bien sûr, certaines personnes arrivent à s'en sortir et arrêter les cachets mais on devient très rapidement et trop facilement accro et de mon vécu, je déconseille fortement.
Si jamais, vous commencez un jour, quand vous vous rendrez compte que ça commence à être une addiction, faites tout pour ne pas tomber au point de non-retour. Consultez un médecin, parlez-en à votre famille, vos amis mais surtout, faites quelques chose, agissez.

J'ai longuement hésité avant d'écrire cet article, je révèle des choses dont j'ai assez honte (sérieux, boire du pinard et se bourrer de cachets à 8h du mat', y a plus glorieux), au final, ça m'a fait du bien et j'espère que ça pourra aider ou prévenir un minimum des personnes susceptibles de tomber dans cette merde.

10 commentaires:

  1. Je te trouve très courageuse... et tellement émouvante...
    Je ne trouve pas de mots pour décrire ce que je ressens en te lisant... et hélas pas de mots qui pourraient t'aider... mais je te souhaite le meilleur et surtout de t'en sortir... après tout c'est déjà un grand pas que d'en parler...

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  2. Je comprends ce que tu vis, pour avoir été à ta place; je ne suis pas certaine d'en être totalement guérie d'ailleurs!
    J'ai commençé les antidépresseurs et les anxiolytiques à 16 ans (parce que je n'étais pas toujours joyeuse, et puis j'ai fait 2 dépressions, et j'en ai pris, tous les jours, et que plus jeune des fois j'assortissais de coke pour me donner un coup de peps ou de hash pour me faire redescendre, jusqu'à ce que je sois prête à 36 ans à avoir un bébé. C'est ça qui m'a aidé, je ne voulais pas que mon enfant soit drogué. Et ça a été super dur, mais j'ai tout arrêté, tout.

    Et puis je me suis retrouvé avec cette angoisse de la route, du coup si je dois aller à plus de 10km de chez moi, je m'avale un Lexomil pour m'aider à supporter le trajet.

    Ce n'est plus la dépendance que j'ai connue, mais c'en est une parce que si je n'ai pas par hasard mes cachetons sur moi, tu ne me feras aller nulle part à l'imrpoviste, je suis convaincue d'en avoir besoin.

    C'est très compliqué, c'est un cercle vicieux, mais on peut arrêter. Complètement, à vie, je ne sais pas. Mais il y a moyen de contrôller un peu sa consommation, avec beaucoup de travail sur soi.

    Courage ma bichette, si tu as besoin d'en parler plus avant, tu sais où me trouver ok?
    Gros bisous xxx

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    1. Aaaah, j'ai même pas le permis, je me sens incapable de le passer !
      J'ai toujours pensé qu'un enfant était la seule chose qui pouvait me faire arrêter :/ C'est horrible à dire quand même parce que je me dis que ça serait bien que j'arrête pour moi avant tout et pas par obligation !

      Merci pour ton com', bisouuus <3

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  3. Coucou,
    Comme je te disais ton article me touche beaucoup... Il y a 8mois de ça, j'étais anti anti médoc encore plus xanax et compagnie. je me revois, faire la morale à un pote qui en prends quand il n'arrive pas à dormir.
    8 mois plus tard, je prends de lexomil tous les jours... Triste réalité...
    A cause de souci de santé j'ai du passé un IRM, on m'a donc filer de l'atarax pour me détendre car je suis claustro... j'ai remarqué que ça faisait de l'effet aussi sur mes douleurs et mes angoisses mais je trouvais ça trop fort, alors on m'a donné de lexomil. Au départ je prenais 1/4 pour dormir, et j'ai vu que mon corps s'y habituait, que la lendemain je n'étais plus aussi dans le "brouillard" qu'avant, alors j'ai commencé à en prendre dans la journée... Quand des gens viennent me voir ou que je dois sortir... J'ai du xanax aussi, qu'on m'a prescrit sans trop de questions, quand j'ai dis que lexomil était trop fort (au début) mais la boite est intacte... Je me 'contente' de lexomil... Au plus 2 quart par jour, mais je sens que mon corps en voudrais plus, je m'y empêche parce qu'23ans je ne veux pas devenir dépendante (le suis-je déjà?).
    Alors, voilà, ton article me fait du bien, montre qu'on est pas seules face à tout ça... Dans mon cas j'en prends car depuis 7 mois je suis malade, sans que personne ne sache diagnostiquer vraiment ce que j'ai, et je finis par croire que "c'est dans ma tête" tous ces symptômes physiques (malaises, maux de têtes, naussées, vertiges...) alors lexomil me rassure...
    Désolé j'ai raconté ma vie !!!!!
    En tout cas, courage, si tu as envie de parler n'hésites pas à m'envoyer un petit mail,
    Des bisous

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    1. C'est exactement ça, ton corps s'y habitue et super rapidement je trouve :/
      Sérieux, ça me fait halluciner, j'ai toujours des personnes qui me disent qu'elles prennent tel ou tel anxiolytique ou anti-dépresseur, c'est limite devenu normal de nos jours.
      C'est très très bien que tu puisses te limiter alors que tu sens que ton corps en redemande, c'est là où je ne sais pas m'arrêter :/
      Personne n'arrive à diagnostiquer ce que tu as ? :o Tu es allée voir un psy ou pas ? On se rend souvent compte que c'est une phobie au final.
      Merci pour ton com', je te souhaite tout plein de courage aussi <3
      Bisous

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    2. Je n'avais pas vu que tu avais répondu, et j'ai repensé à ton article toute à l'heure car mon médecin a voulu me prescrire du xanax...
      Pour ma santé, les médecins ont quelques pistes, mais rien de sur, en fait, c'est flou, problème neurologique, bactérie, ... ils savent pas trop ... !
      j'ai été voir un psy, mais selon elle même si je suis très anxieuse et tout, ça n'explique pas tout ... !
      Des bisouss

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  4. Bravo à toi pour cet article...Je suis accro au xanax depuis 4 ans, et je le mélange aussi allégrement avec l'alcool, pour affronter certaines situations mais aussi comme tu dis, pour me "défoncer la gueule...On est pas inconscient pour autant, la preuve en est avec ce que tu écris mais ça nous empéche pas de le faire..Pourquoi ? En fait c'est surtout pourquoi pas non ? Sur le moment tu te dis "oh c'est bon vous me faites tous chier, laisser moi oublier toute cette merde quelques heures"..Et effectivement t'oublies, t'as cette euphorie qui arrive et tu te sens vraiment bien sur le moment, si tu mélange avec l'alcool tu te sens encore mieux, le hic c'est que tu fais et dis n'importe quoi et que tu t'en souviens pas le lendemain..Les trous de mémoire, la fatigue permanente, tes proches qui s'en rendent compte petit & petit..Ouais c'est une sacré merde ces trucs, au début t'en prend pour plus être mal, aprés t'en prend juste pour être un tantinet normal et pas taper de crises de paniques ou autres joyeusetés..Comme toutes les drogues en fait, sauf que celle ci est prescrit comme du doliprane par beaucoup de médecins et que ça coute 1 euro a peine, alors pourquoi se priver ? En effet, ceux ne sont jamais tombé la dedans, ne testez jamais, ça ne fera au final qu'aggraver vos soucis et votre anxiété. (j'en suis a 15 jours de sevrage, j'en chie !)

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